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L’Érablière Bernard voit grand pour ses beignes aux patates trempés dans le sirop d’érable. La PME de Granby a décidé d’investir près de 800 000 $ dans la construction d’une fabrique à beignes, à un jet de pierre de ses installations actuelles. L’objectif à court terme: multiplier sa production par cinq.
«La production est actuellement de 1000 douzaines de beignes par semaine. Elle va passer à 5000 douzaines par semaine, explique l’une des copropriétaires et dirigeantes de la PME, Cathy Bernard. Les installations ont aussi été prévues pour éventuellement faire grimper la production à 10 000 douzaines par semaine.»
Les mets cuisinés offerts par l’Érablière Bernard se sont multipliés depuis que Cathy Bernard et sa soeur, Sarah, ont décidé en 2016 de commercialiser les recettes familiales. Une centaine de produits sont désormais offerts. Mais les beignes Nammy — surnom affectueux donné à la mère des deux entrepreneuses — sont assurément un des produits phares de l’entreprise. Le secret de leur succès: ils sont trempés encore chauds dans le sirop d’érable pur, ce qui en fait un produit haut de gamme, souligne Cathy Bernard.
Les beignes sont actuellement offerts dans près d’une cinquantaine de points de vente (boucheries, épiceries spécialisées et autres commerces de proximité) de la Haute-Yamaska et de Brome-Missisquoi, ainsi qu’à la boutique de l’érablière de la rue Denison Ouest. La demande est cependant plus forte que la capacité de production, relève Amanda Racicot, fille de Sarah Bernard et directrice adjointe.
Selon elle, le démarrage de la fabrique à beignes, prévue en principe vers la fin de l’automne, permettra d’ajouter 200 points de vente au cours de la prochaine année. Le nouveau territoire s’étendra de la Rive-Sud de Montréal à Sherbrooke. Une entente conclue avec le réseau de franchises des bières Tite Frette permettra également aux beignets, offerts dans un nouvel emballage plus pratique pour la manutention, de rayonner plus largement dans la province.
«Du Bernard, il va en avoir plus près de chez tout le monde finalement», lance Cathy Bernard.
Fin de la salle à manger
Cet investissement concrétise par ailleurs le virage apporté à l’entreprise par les représentants des cinquième et sixième générations de cette famille d’acériculteurs. Initié et confirmé durant la pandémie, ce virage prévoit que la production et la distribution de mets cuisinés soient dorénavant au cœur des activités de l’entreprise.
La pénurie de personnel n’est pas étrangère non plus à cette décision. Pas facile d’embaucher uniquement pour la période des sucres, soit deux mois par année, relève-t-elle.
Résultat: il a été décidé au terme de la dernière saison des sucres de ne plus rouvrir la salle à manger de l’érablière. Une décision «crève-cœur», dit Cathy Bernard, qui a fait l’objet d’un caucus familial. «Ce n’est pas parce que ça ne va pas bien. Mais la pandémie nous a amenés là», dit-elle.
L’espace de la salle à manger sera plutôt utilisé pour optimiser la production des produits cuisinés, qui se décline autant dans la palette salée (potages, pâtés, quiches, etc.) que sucrée (tartes, meringues, crèmes brûlées, etc.).
Il sera malgré tout possible de s’offrir un repas de cabane de l’érablière Bernard par le biais des boîtes repas offertes sur place. Des activités — tire sur neige, sentier d’interprétation et animation — seront également proposées. «On va être là pareil pour offrir l’érable et la tradition qui vient avec», assure Cathy Bernard.
Selon cette dernière, ce sont d’ailleurs les mets cuisinés développés par l’Érablière Bernard qui ont permis à l’entreprise de «survivre» durant la crise sanitaire, alors que les cabanes à sucre étaient fermées.
«Les mets cuisinés nous ont non seulement permis de survivre, mais ils nous ont propulsés, dit Cathy Bernard. On a développé plusieurs concepts de boîtes de prêt-à-manger. On avait déjà l’expérience depuis 2016 avec les boîtes de la Cabane à votre table. On a su se revirer sur un dix cents.»
Familiale
Si les effets de la pandémie se sont estompés, la demande pour les produits Bernard est cependant demeurée bien présente. D’où le projet de fabrique de beignes qui permettra à l’un des deux fils de Cathy Bernard, Alexis, de joindre l’entreprise familiale, aux côtés de sa cousine Amanda Racicot, à titre de représentants de la sixième génération. Et il n’est pas exclu que le frère aîné d’Alexis joigne éventuellement la PME. Cette dernière emploie 16 personnes et peut compter sur «deux bénévoles de la quatrième génération»: Murielle et Réal Bernard, relève en souriant Cathy Bernard.
L’Érablière Bernard est une affaire de famille, affirment les deux dirigeantes rencontrées par La Voix de l’Est. Celles-ci disent par ailleurs vouloir conserver un aspect artisanal à la fabrication des produits afin de demeurer en contact avec les distributeurs et la clientèle.
«On n’a pas l’ambition de conquérir le monde. On ne veut pas devenir une usine. On veut garder ça à échelle humaine», souligne Amanda Racicot.